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La Solitude

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La solitude est le premier sentiment que j’ai ressenti lors de ma marche. Je sors du RER et de son souterrain pour arriver devant la gare : il y a du bruit, du mouvement, du trafic et des regroupements. L’espace y est habité mais je ne peux pas rester longtemps. Il est temps de partir et d’avancer pour rejoindre la prochaine gare. Plus je m’écarte de cette dernière pour aller vers un territoire inconnu, et plus je me sens seule face au paysage. Et petit à petit, je ne retrouve plus aucun des codes ou des repères qui me sont familiers. Mais il ne faut pas confondre solitude et isolement. En effet, il est possible d’éprouver un sentiment de solitude dans une foule et entouré de monde. Être isolé peut être physique tandis que se sentir seul est d’abord quelque chose qui vient de l’esprit et qu’on ne peut contrôler.

« Les moments de solitude les plus déconcertants sont sans doute ceux où ce sentiment monte du fond de nous, alors qu’en apparence, on est entouré et aimé… » « Mais la solitude n’est pas qu’une souffrance, elle est aussi une voie d’accès à la vie intérieure et à la connaissance de soi. Elle est une occasion de se rendre soi-même visite, en suspendant actions ou distractions. » (1)

Nous avons pris l’habitude de voyager loin en peu de temps grâce à l’accès aux mobilités rapides (avions, trains, voitures…). Il est possible par exemple de partir de Paris à 13h43 et d’arriver à Barcelone 1h40 plus tard. Lors de ma marche, j’étais physiquement beaucoup plus proche de chez moi que n’importe quelle autre destination de voyage. Pourtant, je ne m’étais jamais sentie aussi loin. Je n’avais plus aucun repère et tout me semblait étranger : le sol sur lequel je marchais, les rues que j’empruntais et le paysage qui défilait.

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1

Christophe André, La solitude

La vie intérieure, France Culture

Disponible sur : https://www.franceculture.fr/emissions/la-vie-interieure/la-solitude (en ligne)

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Caspar_David_Friedrich_-_Wanderer_above_

Solitude :

Étymologiquement est en 1213 « l’état d’un lieu inhabité ou peu habité ». Situation de quelqu’un qui se trouve sans compagnie, séparé, momentanément ou durablement, de ses semblables. Lieu où l’on se retire, à l’écart des autres et du monde volontairement ou non.

Caspar David Friedrich, Le voyageur contemplant une mer de nuages,

1818

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3

Sacha Guitry, Sacha Guitry - La solitude - Extrait de «Un soir quand on est seul», Youtube

Disponible sur: 

https://www.youtube.com/watch?v=LxXR3c_Bpq8&ab_channel=BnFcollectionsonore%E2%80%93LivreAudio

(en ligne)

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Caspar David Friedrich illustre cette situation avec l’image d’un voyageur contemplant une mer de nuages. Ce voyageur se retrouve seul face au paysage. Ce tableau dépeint une grande solitude/ tristesse, symbole d’un poète romantique, comment se sentait-il vraiment ?

Ainsi, cet éloignement des différentes gares est nécessaire pour ouvrir le regard. Et c’est à cet instant que la pratique de la marche prend son intérêt. La libération des conventions et des usages que l’on retrouve dans l’espace public, permet de prendre du recul et d’observer le paysage.

« Tout seul enfin, la liberté, l’exquise liberté, le silence absolu, le repos bien aimé, le calme ou rien ne vibre (…) Le petit coin tout près et dans lequel on est très loin. Je peux parler, je peux parler tout haut (…) C’est aussi très bon de se taire. Je peux m’imaginer les choses les plus folles : que je n’ai qu’un seul œil, que je suis espagnol, qu’un orchestre lointain pour moi tout seul joue un air tendre et me l’imaginer jusqu’au point de l’entendre. » (3)

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Je peux me promener, sentir une fleur, m’asseoir un instant sans regarder l’heure, me parler à moi-même et me rappeler des souvenirs. Je peux pleurer, sourire, chanter et enfin penser librement.

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